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Pap Ndiaye : « Les Etats-Unis sont peut-être à l’aube d’une nouvelle coalition entre Noirs et Blancs libéraux »

L’historien Pap Ndiaye voit, dans la « remarquable diversité » de la contestation déclenchée par la mort de George Floyd, l’espoir d’un projet politique qui entende la détresse des Noirs.

Publié le 07 juin 2020 à 05h41, modifié le 07 juin 2020 à 12h55 Temps de Lecture 8 min.

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Une foule très diverse manifeste près de la Maison Blanche (Washington), contre le racisme et les violences policières, le 6 juin.

Tribune. Le grand mouvement de protestation qui a investi plusieurs centaines de villes américaines pose la question de sa géographie sociale et politique. En attendant des enquêtes détaillées, il est d’ores et déjà possible d’en faire, à chaud, une lecture générationnelle et historique, et d’en tirer une hypothèse politique.

La première lecture concerne l’âge des manifestants. Une caractéristique centrale du mouvement actuel est qu’il est animé par des jeunes gens (adolescents et jeunes adultes). C’est l’Amérique jeune qui descend dans la rue, comme dans les années 1960, comme en 2014 à Ferguson (Missouri), et dans des dizaines d’autres villes après le meurtre de Michael Brown.

« C’est l’Amérique anti-Trump qui est dans la rue, celle des métropoles et des villes universitaires moyennes qui ont voté massivement Hillary Clinton en 2016 »

D’une manière qui rappelle Birmingham, en Alabama, au printemps 1963 [où un millier d’élèves noirs avaient été expulsés de leur établissement scolaire après avoir participé à des mouvements contre la ségrégation raciale], l’initiative de manifester peut parfois provenir de lycéens qui entraînent avec eux une partie de la population locale. Certains des lycéens les plus mobilisés sont ceux qui organisaient, l’année dernière, des manifestations en faveur du climat, comme dans plusieurs petites villes du Vermont. Greta Thunberg les a mobilisés ; George Floyd aussi. La socialisation politique de la jeunesse woke [du verbe to wake, « se réveiller », être conscient des injustices qui pèsent sur les minorités] autour de l’environnement a sans doute préparé la mobilisation actuelle. En outre, avec la fermeture des lycées, l’emploi du temps de ces jeunes gens est plus dégagé qu’en temps normal.

De manière classique, un grand nombre d’étudiantes et d’étudiants participent aussi au mouvement : Minneapolis est une ville universitaire importante, de même que la plupart des grands centres urbains, mais aussi des villes moyennes comme Charlottesville (Virginie), Bloomington (Indiana), Austin (Texas) ou Gainesville (Floride). Deux jeunes de 19 ans, l’un étudiant à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), l’autre à Howard University (université noire de Washington) sont à l’origine de la manifestation d’Oakland (Californie), le 3 juin, qui a rassemblé 15 000 personnes, du jamais-vu depuis les années 1960.

Des pratiques manifestantes anciennes

A l’échelle du pays, la carte des manifestations actuelles et celle des universités sont similaires. Cela ne signifie pas que tous les manifestants soient jeunes, loin de là, mais que les villes universitaires ont des pratiques de manifestation anciennes à propos des droits des minorités, des femmes, des migrants, etc., qui se prolongent assez naturellement aujourd’hui, y compris lorsque la population africaine-américaine est très réduite, comme à Seattle ou Burlington (Vermont).

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