Trump utilise la tuerie commise par un suprémaciste blanc pour faire passer sa réforme migratoire

Davantage encadrer les ventes d’armes à feu, d’accord, déclare le président américain, mais, en contrepartie, ses opposants démocrates devront faire passer sa réforme migratoire.

Donald Trump lors de sa prise de parole, à la Maison-Blanche, le 5 août 2019, après les deux tueries d’El Paso et de Dayton.

Donald Trump lors de sa prise de parole, à la Maison-Blanche, le 5 août 2019, après les deux tueries d’El Paso et de Dayton. SAUL LOEB / AFP

Le président américain Donald Trump a appelé lundi 5 août à davantage encadrer les ventes d’armes à feu, tout en suggérant de lier cette mesure à la réforme migratoire qu’il appelle de ses vœux, après deux fusillades qui ont fait 29 victimes aux Etats-Unis.

Samedi matin à El Paso, ville texane à majorité hispanique à la frontière mexicaine, un homme blanc de 21 ans équipé d’un fusil d’assaut a ouvert le feu dans un centre commercial bondé, faisant 22 morts, avant de se rendre. La police examine la piste du racisme, le tireur étant suspecté d’épouser des thèses extrémistes.

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Treize heures plus tard, à Dayton, dans l’Ohio (Etat du nord-est des Etats-Unis), un homme blanc de 24 ans a abattu neuf personnes, dont sa propre sœur, et fait 27 blessés, avant d’être tué par des policiers.

Dans plusieurs tweets, Donald Trump a appelé lundi matin à une meilleure vérification des antécédents des personnes souhaitant acheter des armes à feu, mais également à coupler cette mesure à « une réforme migratoire urgemment nécessaire » :

« Les républicains et les démocrates doivent se rassembler […] Quelque chose de bon, sinon de GRAND, doit résulter de ces deux événements tragiques. »

Le milliardaire républicain, soutenu par le principal lobby des armes à feu, la NRA, n’a pas pour le moment annoncé s’il se rendrait sur les lieux des drames. Il a également accusé les médias de « grandement contribuer à la colère et la rage qui se sont développées » aux Etats-Unis en diffusant des « fake news ».

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Rhétorique anti-migrants

Après ces deux carnages, plusieurs élus démocrates ont rappelé que la Chambre des représentants avait adopté il y a plusieurs mois un projet de loi allant dans le sens d’une meilleure régulation des ventes d’armes à feu.

La chambre basse, à majorité démocrate, a adopté un texte « il y a plus de cinq mois pour exiger des vérifications basiques d’antécédents sur les ventes d’armes », avait rappelé dimanche l’une des candidates à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020, Elizabeth Warren.

« Combien de personnes doivent encore mourir avant que le leader de la majorité [républicaine] du Sénat Mitch McConnell mette de côté les intérêts de la NRA et programme un vote sur ce projet de loi ? » a-t-elle demandé, en faisant référence au premier lobby des armes américain.

L’opposition à Donald Trump a également vivement critiqué le président pour sa rhétorique anti-migrants, accusée d’alimenter la montée de l’intolérance dans le pays. Donald Trump « encourage non seulement la rhétorique raciste mais aussi la violence qui suit », a renchéri un autre candidat, Beto O’Rourke, originaire d’El Paso.

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La fille du président, Ivanka Trump, a tenté d’apaiser la situation, tweetant : « La suprématie blanche, comme toute autre forme de terrorisme, est un fléau qui doit être détruit. »

« Terrorisme intérieur »

La tuerie d’El Paso, dans un hypermarché Walmart, est traitée comme un cas de « terrorisme intérieur », et son auteur, identifié comme Patrick Crusius, a été inculpé dimanche et encourt la peine de mort.

Il est soupçonné d’avoir rédigé, avant de passer à l’acte, un manifeste anti-hispanique qui loue également la tuerie ayant fait, en mars, 51 morts dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

Sept des vingt personnes tuées sont des Mexicains, a précisé dimanche le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, qui compte se rendre lundi à El Paso.

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Dans l’Ohio, un homme équipé d’un fusil à cadence rapide et d’un gilet pare-balles a fait neuf morts et 27 blessés dans un quartier animé de la ville. Le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Des policiers qui patrouillaient tout près de là ont abattu Connor Betts trente secondes après ses premiers tirs. « S’ils n’avaient pas été là […] nous aurions pu avoir des centaines de morts et de blessés », a déclaré Nan Whaley, la maire de la ville.

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Parmi les victimes figurent six Noirs et trois Blancs âgés de 22 à 57 ans, dont la propre sœur du tireur, l’une des premières à être tombée sous ses balles, a précisé la police.

Il était arrivé sur les lieux dans le même véhicule qu’elle, avec une autre connaissance qui a été interrogée par les enquêteurs. Ses mobiles ne sont pour l’instant pas connus.

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